Alors que Donald Trump envisage une refonte économique radicale, le régime tarifaire qu’il propose est en contradiction avec les principes fondamentaux de l’économie de marché.
Réduire l’impôt sur le revenu, c’est bien, mais les tarifs douaniers ? Les libertaires ne sont pas d’accord
Le retour de Donald Trump à la présidence apporte un programme audacieux : financer le gouvernement par des tarifs douaniers et réduire les dépenses excessives, et peut-être même conserver le bitcoin comme réserve nationale. Ces idées, bien que séduisantes pour certains en raison de leur position radicale contre la surcharge bureaucratique, soulèvent de sérieuses inquiétudes du point de vue du libre marché. Je pense que si l’on se tourne vers les principes économiques défendus par des penseurs comme Murray Rothbard et Ludwig von Mises, l’approche tarifaire de Trump pourrait nuire à la liberté économique et à la prospérité plutôt que de les améliorer.
D’un point de vue rothbardien ou miséen, le plan tarifaire de Trump ne serait probablement pas adopté. Les tarifs douaniers ne sont que des barrières qui étouffent le libre marché, allant à l’encontre des idéaux de laissez-faire qui soutiennent le véritable libre-échange.
Le projet de Trump visant à remplacer les recettes de l’impôt sur le revenu par des droits de douane contredit fondamentalement les principes du libre-échange. Rothbard et Mises, dans leurs analyses économiques approfondies, ont soutenu que les droits de douane – les taxes sur les biens importés – sont une forme d’« intervention triangulaire » qui fausse les processus naturels du marché et le choix des consommateurs. Les droits de douane augmentent le coût des biens importés, imposant une taxe cachée aux consommateurs, et réduisent le pouvoir d’achat de chaque dollar, obligeant les Américains à payer plus pour les produits qu’ils ne le feraient autrement.
Au-delà d’une simple augmentation des prix, les droits de douane créent des inefficacités économiques en encourageant la production dans des secteurs où le pays ne possède peut-être pas d’avantage concurrentiel. En protégeant les industries nationales de la concurrence étrangère, les droits de douane découragent l’innovation et l’allocation des ressources, conduisant à ce que Rothbard a appelé une « mauvaise allocation ». Ce déplacement artificiel de la production se traduit par un niveau de vie inférieur à ce qui serait autrement possible dans le cadre du libre-échange. Essentiellement, les tarifs restreignent le choix des consommateurs et poussent les ressources vers des utilisations moins efficaces, s’opposant directement à l’idéal du libre marché, celui d’un échange volontaire basé sur la demande des consommateurs.
Les conséquences économiques d’un État financé par les tarifs douaniers
Si Trump finançait les dépenses publiques principalement par le biais de droits de douane, les conséquences pourraient être économiquement préjudiciables. Dans de nombreuses analyses de Rothbard, les tarifs douaniers entraînent souvent des mesures de rétorsion de la part des partenaires commerciaux, déclenchant des guerres commerciales qui nuisent aux relations internationales et à la stabilité économique. D’autres pays réagiraient probablement aux tarifs douaniers américains en augmentant les leurs, ce qui aurait un impact sur les exportations américaines. Cette spirale protectionniste nuit aux consommateurs du monde entier, réduisant les bénéfices générateurs de richesse du commerce, que les économistes autrichiens considèrent comme essentiels à l’amélioration du niveau de vie dans le monde.
L’accent mis sur les droits de douane comme principale source de revenus pourrait également créer un effet de « taxation furtive ». Alors que l’impôt sur le revenu est visible et transparent, les tarifs opèrent en arrière-plan, masquant le véritable coût imposé aux consommateurs. Un système basé sur les droits de douane obscurcit cette transparence, réduisant la responsabilité et permettant au gouvernement d’extraire des richesses sans imposition explicite – une décision que beaucoup considéreraient probablement comme éthiquement discutable et économiquement inefficace.
En fin de compte, l’objectif de Trump de réduire le déficit fédéral en réduisant les dépenses est un pas dans la bonne direction d’un point de vue libertaire. La réduction des dépenses publiques, en particulier dans les agences inutiles, résonne avec la vision minarchiste libertaire d’un gouvernement limité axé uniquement sur la protection des droits individuels et de la propriété. Cependant, un modèle de revenus basé sur les tarifs douaniers contredirait les principes du laissez-faire de libre-échange, de souveraineté des consommateurs et d’intervention gouvernementale minimale.
Au lieu d’un régime tarifaire, une approche plus libertaire impliquerait de réduire les dépenses fédérales inutiles, de décentraliser le pouvoir et de réduire le recours à toute forme de taxation, y compris les tarifs douaniers, pour véritablement favoriser la liberté économique. Si Ron Paul ou quelqu’un du Parti Libertaire a l’oreille du président élu, il y aura peut-être une chance qu’ils parviennent à persuader Trump d’abandonner cette idée.
